Qui n’a pas mis son linge dans le bodet ?
Ne dites pas panier à linge : dites bodet ! Du moins si vous habitez du côté de Liège (et même un peu plus loin).
Encore un de ces mots que l’on entend toutes les semaines pendant des années. Un jour on s’éloigne de quelques pas… de quelques autres encore… Un avion, un boulot, un mariage et des enfants plus loin, même revenu tout près de son point de départ, le mot est oublié !
Un peu comme le subjonctif. Ou bien les mouchoirs en tissus. Les moineaux ou les meules de foin. Qui donc s’occupera un jour des mots en voie de disparition ?
dimanche 14 septembre 2008
samedi 13 septembre 2008
Poteau de telephone
Le béton a fait sa place. Les billes de chemin de fer sont en béton. Les poteaux de téléphone aussi !
Et pourtant : quoi de plus poétique qu’un poteau de téléphone en bois ?
Il y a bien longtemps, c’était le cas. Alors que les pylônes électriques étaient déjà de béton, ceux de téléphone restaient encore en place. Ils étaient même parfois remplacés.
Après ? C’est comme une maladie contagieuse. Un disparaît après l’autre. Si lentement qu’on ne s’en rend pas compte. D’abord, il en reste encore assez pour qu’on ne s’en rende pas compte. Puis vient le moment où l’on s’habitue : les poteaux de bois cohabitent avec leurs frères de béton ! Enfin, n’en reste plus que quelques-uns : on a déjà oublié que quelques années plus tôt, ils étaient la règle… Et quand disparaît le dernier, tout le monde ignore qu’il s’agissait du seul survivant : d’un monument historique somme toute !
Les nostalgiques en sont donc réduits aux voyages lointains : j’espère que – par exemple - l’Andalousie et l’Orégon garderont les leurs. Et qu’ils permettront ainsi à mes petits enfants de se croire au temps du télégraphe !
Et pourtant : quoi de plus poétique qu’un poteau de téléphone en bois ?
Il y a bien longtemps, c’était le cas. Alors que les pylônes électriques étaient déjà de béton, ceux de téléphone restaient encore en place. Ils étaient même parfois remplacés.
Après ? C’est comme une maladie contagieuse. Un disparaît après l’autre. Si lentement qu’on ne s’en rend pas compte. D’abord, il en reste encore assez pour qu’on ne s’en rende pas compte. Puis vient le moment où l’on s’habitue : les poteaux de bois cohabitent avec leurs frères de béton ! Enfin, n’en reste plus que quelques-uns : on a déjà oublié que quelques années plus tôt, ils étaient la règle… Et quand disparaît le dernier, tout le monde ignore qu’il s’agissait du seul survivant : d’un monument historique somme toute !
Les nostalgiques en sont donc réduits aux voyages lointains : j’espère que – par exemple - l’Andalousie et l’Orégon garderont les leurs. Et qu’ils permettront ainsi à mes petits enfants de se croire au temps du télégraphe !
vendredi 12 septembre 2008
Capoules
Ma mère refaisait régulièrement les capoules de ma sœur !
Faut-il donc, en changeant de région, oublier à jamais certains mots ? Ma mère rafraichissait donc régulièrement les capoules de ma sœur – en français de France, on parlerait sans doute de la chienne de ma sœur -. Mais du côté de Liège – et plus loin – on parlait donc des capoules.
Faut-il donc, en changeant de région, oublier à jamais certains mots ? Ma mère rafraichissait donc régulièrement les capoules de ma sœur – en français de France, on parlerait sans doute de la chienne de ma sœur -. Mais du côté de Liège – et plus loin – on parlait donc des capoules.
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C
jeudi 11 septembre 2008
Chou rouge
Qui mange encore du chou rouge ?
J’aime le chou vert et la choucroute. Un peu moins le chou fleur. Je ne raffole pas des brocolis. Le chou blanc en salade ou en potée n’est pas mauvais du tout. Ne me parlez pas des choux de Bruxelles, je les déteste. Mais je me méfie du chou rouge !
Ce n’est qu’un chou pourtant. Malgré cette couleur qui en ferait douter. Et si aujourd’hui on se contente de quelques feuilles tranchées fines pour colorer un plat, nous avions à subir le chou rouge comme légume. L’odeur ? Indéfinissable. Tout autant que le goût. Mais en tout cas : pas bon ! Acide si je me souviens bien. Malgré les morceaux de pommes que certaines cuisinières y mettaient.
Bizarre non cette aversion ? Mais elle doit être partagée : sinon, pourquoi le chou rouge a-t-il pratiquement disparu des étals de nos magasins ?
J’aime le chou vert et la choucroute. Un peu moins le chou fleur. Je ne raffole pas des brocolis. Le chou blanc en salade ou en potée n’est pas mauvais du tout. Ne me parlez pas des choux de Bruxelles, je les déteste. Mais je me méfie du chou rouge !
Ce n’est qu’un chou pourtant. Malgré cette couleur qui en ferait douter. Et si aujourd’hui on se contente de quelques feuilles tranchées fines pour colorer un plat, nous avions à subir le chou rouge comme légume. L’odeur ? Indéfinissable. Tout autant que le goût. Mais en tout cas : pas bon ! Acide si je me souviens bien. Malgré les morceaux de pommes que certaines cuisinières y mettaient.
Bizarre non cette aversion ? Mais elle doit être partagée : sinon, pourquoi le chou rouge a-t-il pratiquement disparu des étals de nos magasins ?
mercredi 10 septembre 2008
Mopette
Avoir une mopette ? Un rêve inaccessible pour la plupart d’entre nous !
Il parait que ça s’écrit « moped » normalement, mais pour nous c’était bien une mopette. Pour les plus dignes : une mobylette. Scooter, scoot, cyclo, moto ? Que disent les jeunes maintenant ? En tout cas, ils ne parlent plus ni de mobylette, ni de mopette il me semble.
Evidemment, ça faisait du bruit. D’autant plus qu’elles n’étaient pas nombreuses… Tout le monde savait donc quand le fils machin s’en allait… et aussi à quelle heure il revenait… Et dans une ville qui était toute consacrée au vélo – chacun en avait un – les mobylettes étaient comme des intruses.
Tout juste tolérées à l’école. Pas besoin de frimer quand on va en classe… On y va bien pour étudier. Surtout utilisées le week-end et en soirée.
Le plus marrant – on en aurait acheté une rien que pour ça – c’est quand il fallait faire le plein : de mélange deux temps. Pomper à la main l'huile et l'essence dans la colonne vitrée du mélangeur. Et seulement alors pouvoir remplir le réservoir.
Trop chères de toute façon. Mais surtout, trop dangereuses. Elles fonçaient évidemment à près de 60 kilomètres heures. Trop dangereux avaient décidé la plupart de nos parents ! Qui ne pouvaient pourtant pas ignorer que parfois, sur nos vélos, nous dévalions les routes en pente à des vitesses au moins aussi déraisonnables. Mais bon, ce devait surtout être un prétexte !
Il parait que ça s’écrit « moped » normalement, mais pour nous c’était bien une mopette. Pour les plus dignes : une mobylette. Scooter, scoot, cyclo, moto ? Que disent les jeunes maintenant ? En tout cas, ils ne parlent plus ni de mobylette, ni de mopette il me semble.
Evidemment, ça faisait du bruit. D’autant plus qu’elles n’étaient pas nombreuses… Tout le monde savait donc quand le fils machin s’en allait… et aussi à quelle heure il revenait… Et dans une ville qui était toute consacrée au vélo – chacun en avait un – les mobylettes étaient comme des intruses.
Tout juste tolérées à l’école. Pas besoin de frimer quand on va en classe… On y va bien pour étudier. Surtout utilisées le week-end et en soirée.
Le plus marrant – on en aurait acheté une rien que pour ça – c’est quand il fallait faire le plein : de mélange deux temps. Pomper à la main l'huile et l'essence dans la colonne vitrée du mélangeur. Et seulement alors pouvoir remplir le réservoir.
Trop chères de toute façon. Mais surtout, trop dangereuses. Elles fonçaient évidemment à près de 60 kilomètres heures. Trop dangereux avaient décidé la plupart de nos parents ! Qui ne pouvaient pourtant pas ignorer que parfois, sur nos vélos, nous dévalions les routes en pente à des vitesses au moins aussi déraisonnables. Mais bon, ce devait surtout être un prétexte !
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mardi 9 septembre 2008
Laque
Vous souvenez vous des choucroutes qui surmontaient les cranes de nos mères et de leurs copines ? Des tas de bigoudis et des kilos de laque aboutissaient à ces échafaudages périlleux !
Question de style, il fallait aimer. Et manifestement, à parcourir les photos anciennes, cela plaisait. Les dames s’aspergeaient le crane de laque comme elles trempaient leurs draps dans l’amidon : la fermeté était alors la seule qualité à l’ordre du jour. Faire ainsi gonfler la chevelure, lui donner une légèreté apparente qu’elle n’avait pas dans la réalité était impératif.
Une impression qui disparaissait d’ailleurs dès lors que la dame bougeait la tête. Car, s’il y avait bien du mouvement, la chevelure n’était pas concernée. Pas un poil ne bougeait. L’édifice restait bien aligné, comme s’il était fait de roc ou de métal. Comme s’il était osseux et faisait partie intégrante de la boite crânienne. Et si par hasard votre main s’y hasardait – je l’ai fait plus d’une fois dans les cheveux de ma mère – le sentiment devenait plus paradoxal encore : ce n’était pas vraiment dur, un peu comme un nid d’abeilles ou de guêpes… une légère pression des doigts suffisait à en changer les formes, à en percer les parois…
Mais c’était rêche ! La bombe de laque posait comme une couche de papier émeri là où l’on attendait le soyeux d’une toison vivante et chaude.
Les hommes ? Ils s’y sont mis à leur tour – au moins certains d’entre eux – dans les années 70, avec une certaine mode des cheveux longs. Avant ça, il parait qu’ils utilisaient bien la brillantine – le gel de l’époque – mais nos petites villes étaient épargnées : la brillantine, c’était un truc qu’on voyait dans les films, chez les voyous et les bellâtres, pas chez gens normaux !
Question de style, il fallait aimer. Et manifestement, à parcourir les photos anciennes, cela plaisait. Les dames s’aspergeaient le crane de laque comme elles trempaient leurs draps dans l’amidon : la fermeté était alors la seule qualité à l’ordre du jour. Faire ainsi gonfler la chevelure, lui donner une légèreté apparente qu’elle n’avait pas dans la réalité était impératif.
Une impression qui disparaissait d’ailleurs dès lors que la dame bougeait la tête. Car, s’il y avait bien du mouvement, la chevelure n’était pas concernée. Pas un poil ne bougeait. L’édifice restait bien aligné, comme s’il était fait de roc ou de métal. Comme s’il était osseux et faisait partie intégrante de la boite crânienne. Et si par hasard votre main s’y hasardait – je l’ai fait plus d’une fois dans les cheveux de ma mère – le sentiment devenait plus paradoxal encore : ce n’était pas vraiment dur, un peu comme un nid d’abeilles ou de guêpes… une légère pression des doigts suffisait à en changer les formes, à en percer les parois…
Mais c’était rêche ! La bombe de laque posait comme une couche de papier émeri là où l’on attendait le soyeux d’une toison vivante et chaude.
Les hommes ? Ils s’y sont mis à leur tour – au moins certains d’entre eux – dans les années 70, avec une certaine mode des cheveux longs. Avant ça, il parait qu’ils utilisaient bien la brillantine – le gel de l’époque – mais nos petites villes étaient épargnées : la brillantine, c’était un truc qu’on voyait dans les films, chez les voyous et les bellâtres, pas chez gens normaux !
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lundi 8 septembre 2008
Toile
Le camping, c’est gai. Ce qui l’est moins, c’est de se trimballer une lourde tente de toile de coton.
Avant le nylon ultra léger et les piquets de tente en fibre de carbone… il y avait la toile de coton et les tubes d’aluminium.
Ils avaient bien du courage les campeurs d’alors. Du moins ceux qui circulaient à pied ou en vélo en transportant leur logement sur le dos ou le porte bagage. D’accord, tous les cotons n’étaient pas aussi rébarbatifs ni lourds que celui des tentes SNJ. Il en était de bien doux, et bien légers. Mais, au bout du compte, il en allait toujours de quelques kilos de plus à porter que de nos jours.
Mais le coton avait pour moi un autre avantage, celui de donner au camping une odeur particulière. Au pire, celle d’un peu de moisissure et de pas très frais d’une toile qui aura passé des mois dans un grenier, au mieux, celle d’une toile fraichement nettoyée et imperméabilisée, pas très éloignée du parfum des draps de lit d’alors. Se couchait-on, il n’y avait pas seulement les bruits de l’extérieur, mais aussi ce parfum très particulier qui nous rappelait, les yeux fermés, où nous dormions.
Aujourd’hui, seuls les Hollandais semblent avoir conservé un attachement certain aux tentes de toiles.
Avant le nylon ultra léger et les piquets de tente en fibre de carbone… il y avait la toile de coton et les tubes d’aluminium.
Ils avaient bien du courage les campeurs d’alors. Du moins ceux qui circulaient à pied ou en vélo en transportant leur logement sur le dos ou le porte bagage. D’accord, tous les cotons n’étaient pas aussi rébarbatifs ni lourds que celui des tentes SNJ. Il en était de bien doux, et bien légers. Mais, au bout du compte, il en allait toujours de quelques kilos de plus à porter que de nos jours.
Mais le coton avait pour moi un autre avantage, celui de donner au camping une odeur particulière. Au pire, celle d’un peu de moisissure et de pas très frais d’une toile qui aura passé des mois dans un grenier, au mieux, celle d’une toile fraichement nettoyée et imperméabilisée, pas très éloignée du parfum des draps de lit d’alors. Se couchait-on, il n’y avait pas seulement les bruits de l’extérieur, mais aussi ce parfum très particulier qui nous rappelait, les yeux fermés, où nous dormions.
Aujourd’hui, seuls les Hollandais semblent avoir conservé un attachement certain aux tentes de toiles.
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