mercredi 14 mai 2008

Pouhon

Sentant le souffre et la rouille, c’était le pouhon. Certains en buvaient l’eau. Prétendant lui trouver des vertus médicinales.

On ne connaissait pas le pouhon Pierre le Grand - trop snob, trop historique, trop spadois -. Tout juste le pouhon des îles, en Outrelepont., non loin de la fontaine Saint Quirin.
De temps en temps, un - vieux - vélo s’arrêtait. Une vieille ou un vieux - aussi vieux que le vélo - en descendait, chargé de bouteilles. Les bouteilles remplies, le vélo repartait.
Serait-ce donc là le secret de la longévité et de la vitalité de ces cyclistes ? Et un peu de rouille absorbée aurait-elle fait disparaître celle qui normalement aurait bloqué leurs articulations de vieillards ?
J’en doute. Mais ils le croyaient ! Et continuaient de pratiquer ce rituel étrange.

mardi 13 mai 2008

Herisson

Certains soirs de chaleur, notre père nous emmenait à la chasse au hérisson…

C’est que la veille le plus souvent, avec ma mère, il s’était promené en voiture, et avait rencontré l’un ou l’autre de ces sympathiques animaux. La chasse serait bien pacifique…
A huit dans l’Ami 6 (et l’Ami 8 par après) break. Le père et la mère devant. Trois enfants sur la banquette arrière. Et trois encore dans le coffre, le regard tourné vers l’arrière. Il ne nous fallait pas bien longtemps pour faire une rencontre. On dirait que les hérissons nous attendaient. Et que les plus gros semblaient les plus assidus.
Nous pouvions alors caresser notre prise… tenter de le porter… Essayer d’éviter la piqure en le manipulant avec une ou deux couches de vêtements. Mais rien à faire. Un hérisson, ça pique.
Puis nous le laissions. Faisions le chemin de retour et plongions sous les couvertures.
Nous n’aurions pas fait de plus beaux rêves si nous avions vu tous les films de Disney ou passé notre journée sur tous les manèges du monde !

lundi 12 mai 2008

Ligustrum

Autour de chaque jardin, une haie de ligustrum.

Jardin est un bien grand mot pour ces quelques mètres carrés de gravier. Ce ridicule parterre de fleurs aussi assoiffées que de mauvais goût. Tagettes, dahlias, chrysanthèmes même. C’était à qui exhiberait les plus hideuses floraisons.
Et pour bien marquer la limite de la propriété, une haie de troène.
Et si aujourd’hui lorsqu’une tondeuse à gazon démarre on dirait qu’elle réunit ses voisines comme les cerfs le font au brame, à l’époque le clic-clac des ciseaux à haie d’une seule maison suffisait à raviver les humeurs tranchantes de tous les mâles du quartier. Qu’un seul brin dépasse, c’eut été la honte. Que le profil de la limite végétale ne soit pas tiré au cordeau, le pire était à craindre : l’exil dans les colonies – voire plus loin -, le hara-kiri au taille haie, l’alcoolisme ou la démence…
Le taille haie électrique n’y a pas changé grand-chose. Semaines après semaines, chacun surveillait sa haie, épiait celle du voisin… y mettait au moins autant de soin qu’à sa propre coiffure, et bien plus d’attention qu’à la permanente de l’épouse.
Mais qui aujourd’hui a encore une haie de ligustrum ?

dimanche 11 mai 2008

Jupon

Sous la jupe, le jupon ou la combinaison. Aucune femme de bonne moeurs ne serait sortie moins vêtue.

Coquetterie ? On ne montrait pas le jupon, encore moins la combinaison. Pas à moi du moins. L’hypothèse me semble peu sérieuse.
Frilosité ? Les hommes portaient chemisette, chemise, pull, les femmes n’avaient pas nécessairement toutes ces couches. Pour la saison fraiche en tout cas, cette idée n’est pas déraisonnable.
Pudeur ? Renforcer l’opacité des vêtements en général à une époque où les formes ne se devinaient pas… et donner encore un peu de répit au corps qui se révèle au moment du déshabillage… Ca tient la route.
Economie et hygiène ? Et pourquoi pas tout simplement une manière supplémentaire de garder ses vêtements propres plus longtemps. On ne se changeait pas tous les jours… on se changeait d’ailleurs le moins souvent, tant la lessive était une tâche pénible. Alors, finalement, le jupon, la combinaison, ne seraient-ils que des substituts à trop de lessives répétées ?

samedi 10 mai 2008

Hospice

Résidence pour personnes âgées, home pour vieillards, séniorerie, maison de convalescence, centre gériatrique… tant de désignations politiquement correctes pour désigner l’hospice !

Quand un vieux était vraiment trop vieux, qu’il n’avait plus de famille pour s’occuper de lui, ou qu’il était devenu trop difficile de le faire, on le mettait à l’hospice.
Une sorte d’asile – au sens d’abri – pour ceux qui avaient vécu trop longtemps. On les voyait de la rue, marcher dans un jardin rachitique. Ne jamais trop s’éloigner de la protection des murs, comme s’il leur était poussé un nouveau cordon ombilical, qui progressivement rétrécissait, les ramenait dans la matrice de l’hospice, avant de finalement les retourner à la terre.

vendredi 9 mai 2008

Week-end

Il parait que le terme week-end est d’usage depuis le début du 20ème siècle. Bizarre, là j’ai comme de sérieux doutes.

Désignant le samedi et le dimanche, cela ne m’étonnerait pas qu’il soit bien plus récent en Belgique.
Car nous allions bien à l’école le samedi matin, jusqu’en 1974 au moins. La crise pétrolière nous en a chassé le samedi, et le ministère a finalement trouvé que cela n’était pas une trop mauvaise solution.
Restait que nos parents travaillaient encore le samedi… et qu’il n’était donc pas question - en aurions-nous même eu les moyens - de se faire un « week-end » à la mer, du vendredi au dimanche soir comme aujourd'hui. Cela est venu quelques années plus tard. Et là aussi, tout le monde a trouvé cela normal.
Alors, parlait-on de week-end avant cette époque ? J’ai bien l’impression que non !

jeudi 8 mai 2008

Veaux de mars

Pluie, soleil, puis neige à nouveau… un temps bien de saison pour les veaux de mars.

Dites donc giboulées de mars si cela vous plait, en mars je préfère penser à ses veaux. Veaux de Mars faudrait-il d’ailleurs écrire, s’agissant - paraît-il - d’une référence à une légende concernant le Dieu de la guerre. Mais peu importe.
Spectaculaires et imprévisibles, comme peuvent l’être les orages en été. Un quartier sera touché, une ville, et pas leurs voisins. On sort léger vêtu, comme pour profiter d’un ciel qui se met au grand beau… et voilà qu’on se retrouve dans une ambiance polaire.
C’est ce que j’adore dans notre météo pourrie. En plus d’être – soi-disant – pourrie, elle est imprévisible. Alors, en mars, je suis heureux !