lundi 23 juin 2008

Loriot (Jean-Pierre) et Lenain (Christiane)

Jean-Pierre Loriot et Christiane Lenain nous ont fait passer tant de bonnes soirées.

Ils ne jouaient certainement pas les œuvres les plus intelligentes du répertoire théâtral – pas plus stupides en tout cas que les films et les feuilletons que la télévision nous inflige aujourd’hui -. Mais je leur dois des soirées particulièrement agréables alors, et quelques bouffées de nostalgie aujourd'hui. Du rire. Des sourires. L’impression – magie de la télévision d’alors – d’être dans la salle. Ou que les acteurs venaient jouer dans notre maison.
Le théâtre à la télévision c'était un truc totalement hybride. Mais on aimait !

dimanche 22 juin 2008

Karine et Rebecca

J’ai toujours détesté Karine et Rebecca !

Karine et Rebecca chantaient - entre autres, mais je ne me souviens que de celle là – « Moi je dors avec nounours dans mes bras ». Voix fluette de gamines, de bébé presque. Un des hits des disques demandés du dimanche – ou bien était-ce le samedi – matin. La récompense pour les enfants vraiment sages – ceux qui restaient stupidement à la maison ou jouaient gentiment dans la cour plutôt que de courir les bois et les champs - ? Le droit d’entendre une fois de plus la sirupeuse mélodie avant d’aller se coucher. Nul ! Tellement énervant que plus de quarante ans après mes tripes se nouent à cette pensée.
Et difficile à décrire aussi. Mais essayons les comparaisons.
Karine et Rebecca c’était comme « J’aime la vie » pendant les deux années qui ont suivi la victoire de Sandra Kim au concours Eurovision de la chanson. La tarte à la crème.
Ou bien, comme Folon depuis son retour en Belgique (pardon, en « Valonnie » comme il disait) et plus encore depuis sa mort.
Comme les appels des agents de télémarketing qui voudraient vraiment vous vendre – ou plutôt, offrir à des conditions exceptionnelles - un salon en cuir dont vous n’avez ni besoin, ni envie. Ou ceux des vautours de télé 2 au sujet de votre abonnement téléphone qu'ils peuvent vous remplacer à des conditions particulièrement avantageuses.
Comme la visite hebdomadaire des témoins de Jéhovah si vous avez eu le malheur, une seule fois, de leur ouvrir votre porte.
Karine et Rebecca, c’était tout ça à la fois !

samedi 21 juin 2008

Colombophilie et batellerie

Barcelone, ciel dégagé, lâcher à cinq heures trente. Bordeaux, couvert, les convoyeurs attendent.
Grands malades, trois poutrelles levées ; Hastière, deux vantelles ouvertes.
Les disques choisis, la météo marine, les communiqués colombophiles et ceux pour la batellerie me manquent !

Les cérémonies religieuses avaient leur litanie des saints – Saint Charles… Priez pour nous ! Sainte Martine… Priez pour nous ! Saint Quirin… Priez pour nous ! - ; les cérémonies patriotiques leur litanie des héros – Camille Lemaire… Mort pour la patrie ! François Bovesse… Mort pour la patrie ! Clément Hubert… Mort pour la patrie ! -. La radio avait les siennes !
Les disques choisis ? De Martin pour Viviane, à l’occasion de son anniversaire. De bon-papa José pour sa petite Monique à l’occasion de sa communion. De tonton Louis pour sa nièce préférée… De Lulu pour Bertha : merci pour ton cadeau. Et ça continuait. Dix, quinze personnes avaient choisi le même disque – très quelconque la plupart du temps -. Et la présentatrice lisait ces messages l’un après l’autre. Comme pour enfiler un chapelet de personnes. Ou pour en faire une chanson. Au point que l’on écoutait celle qui suivait de manière distraite. Seul importaient ces noms, toutes ces personnes qui, d’une certaine manière, passaient à la radio.
Les communiqués colombophiles, eux, comme ceux pour la batellerie nous faisaient voyager. Loin avec les pigeons : Nantes, Bordeaux, Amiens… Bien plus près avec les bateaux : Hastière, le canal Albert… Et là aussi, c’était comme une chanson qui disait le voyage. Toute une géographie et une poésie de lieux connus ou pas. Les pigeons qui reviennent. Qui arriveront ou pas au pigeonnier. Les bateaux qui s’en vont, qui partent ou qui passent.
C’était enfin, avec ces derniers, une langue mystérieuse. De poutrelles et de vantelles, qui pouvaient être levées ou abaissées, ouvertes ou fermées ! Et cela semblait être important. Comme des messages codés de radio Londres. Le brouillage en moins !

vendredi 20 juin 2008

Italie et Espagne

D’Espagne ils ramenaient une affiche de corrida à leur nom, d’Italie du verre de Murano. Ceux qui partaient en vacances.

Les vacances ? La plupart préféraient faire le carnaval, et tout le budget loisirs de l’année y passait. Envoyer leurs enfants en colonie de vacances ? Ils n’y pensaient même pas.
Les autres. Ceux qui avaient encore de quoi après le carnaval. Ils regardaient vers le Sud. Ignoraient la France. S’arrêtaient en Italie – qui n’était donc pas seulement le pays d’où venaient nos immigrés – ou en Espagne – où ils fermaient les yeux sur les horreurs de la dictature de Franco -. L’année suivante, ils y retourneraient. Chaque année en Italie. Ou chaque année en Espagne.
Le plus étrange : à part les arènes, l’Espagne, c’était juste une plage, la mer. L’Italie, une plage, la mer aussi. Et la côte belge ? Une plage, et la mer. Mais c’était moins loin, et moins prestigieux !

jeudi 19 juin 2008

Hans Krouf

Si tu n’es pas sage, Hanskrouf va venir te prendre !

Hanskrouf, Hans Kruff, Hans Truff ? C’était le père fouettard chez nous !
Saint Nicolas était terrible évidemment – pour ceux qui y croyaient – puisqu’il ne récompensait que les enfants sages. Et quel enfant pouvait-il prétendre avoir toujours été sage ? Et l’on aurait volontiers voulu nous terroriser à l’idée de rencontrer son assistant.
Qui n’avait pas grand-chose pour lui. Il était noir, à une époque où tout le monde ici était blanc. Il avait – du moins dans certains coins de la Belgique – ce nom à consonance allemande, à une époque où l’évocation de la guerre, et de la cruauté des Allemands, était encore dans tous les esprits. Le père fouettard avait pour lui son qualificatif et ses outils – bâton ou martinet – alors que les châtiments corporels étaient encore d’application dans les écoles et plus encore dans les familles.
Mais au bout du compte, il finissait par nous être bien sympathique. Au moins, il bougeait. Il paraissait vivant, et c’est lui qui faisait tout le boulot de distribution ; Saint Nicolas se contentant de prononcer des âneries qui démontraient qu’il ne nous connaissant pas plus que ça et qu’il s’en foutait complètement.
Et si le père fouettard était chargé de punir, qui pourra prétendre l’avoir jamais vu faire ! Il se contentait de rouler de gros yeux blancs dans sa face noircie. De plus, derrière ses dehors terribles, il semblait qu’il soit un joyeux drille. La preuve ? L’arrivée du bateau de Saint Nicolas aux Pays Bas, que nous avions tous vu à la télévision. Des pères fouettards – qui a dit que les Hollandais ignoraient la démesure ? -, il y en avait des dizaines… se balançant dans les cordages. Et ça ne manquait jamais. Au moins un tombait à la flotte. Ajoutant à l’ambiance de fête et à l’absence de sérieux du personnage.
On voulait nous faire peur avec Hanskrouf, comme avec les histoires d’ogres et de loups. Pas plus, pas moins.
Mais, dans le même temps, personne ne trouvait bizarre à l’époque qu’un monsieur tripote toute la journée des petits garçons et petites filles sur ses genoux !
Et au fait. Je me rends compte maintenant. Il était bien un moment où l’on proclamait : « Je ne crois plus à Saint Nicolas ! »
Bizarre, je n’ai jamais entendu personne dire : « Je ne crois plus au père fouettard ! »

mercredi 18 juin 2008

Galapiats

On n’est plus le même homme après avoir subi, de 63 à 66 Thierry la fronde et en 69 les Galapiats !

Les Galapiats. Je me demande franchement qui a pu les inventer.
Le club des cinq – pardon si vous ne connaissez pas, c’était dans la collection verte, ou rose – revus à la sauce post soixante huitarde – c’est Jean-Loup je crois qui à la fin du feuilleton regarde Marion, qui va retourner au Canada, avec des yeux de hareng saur, pour lui exprimer combien elle va lui manquer -.
Le ridicule ne tuant absolument pas, à la fin, on comprend enfin pourquoi il fallait un cow-boy dans la bande. Bruno, dit Cow-boy, sauve le chef des bandits en le tirant d’un marais – la fagne mangeuse d’hommes ! – avec son lasso.
Il tue encore moins le réalisateur qui a choisi d’utiliser des lieux de tournage tellement connus des téléspectateurs belges (l’abbaye de Villers la Ville, Beersel, Stavelot, les Hautes fagnes) qu’on ne pouvait qu’éclater de rire quand au bout d’une course de 100 mètre l’un ou l’autre héros débouchait 100 ou 150 kilomètres plus loin !
Et enfin, il y avait évidemment une chanson générique. Inoubliable. « Ohé les gars, c’est nous, l’aventure nous attend » ou quelque chose du style.
Du grand art je vous dis !

mardi 17 juin 2008

Fagne mangeuse d'hommes

Les hautes fagnes sont dangereuses. On s’y perd. On s’enfonce dans leurs tourbières. On s’égare dans les brouillards et les tempêtes de neige. La fagne est une mangeuse d’hommes !

Il y avait bien les vieilles histoires. Celle de la croix des fiancés – de celles qui finissent mal, dans la nuit et dans la neige – de la chapelle Fischbach et de la baraque Michel – et de la cloche qui devait permettre au voyageur égaré de retrouver son chemin -. Mais tout cela datait de bien avant la naissance de mes grands-parents. Nous n’avions pas plus peur de nous perdre en fagne que de rencontrer le loup du chaperon rouge quand nous parcourions les bois ! Il fallait que cela change !
En 1969, le feuilleton « Les galapiats » y contribua. Le mauvais tombe dans les tourbières et ne doit son salut qu’à l’intervention du cow-boy de service. Les tourbières, c’est en effet terrible ! La marée du Mont St Michel, comparée aux tourbières, ce n’est rien du tout. On se fait avaler en moins de deux. En plus, il y a des plantes carnivores ! Ce n’est sans doute pas pour rien. Avec toute la viande de touristes perdus qui s’y trouve…
Vers la même époque aussi, il faut noter la contribution remarquable de l’université de Liège à une plus juste et plus complète connaissance de l’endroit. Un groupe d’étudiant s’est en effet perdu, en hiver. Perdus pour perdus, au lieu de suivre les vallées – vers les villes – ces idiots ont tenté de rejoindre leur point de départ. Ils furent retrouvés, frigorifiés, dans la nuit. La petite histoire racontait qu’ils n’avaient dû leur salut qu’à un étudiant vietnamien qui avait emporté de la viande séchée (gardée à même son corps, prétendait la rue).
Un feuilleton kitsch… une bande d’idiots en balade… et toute la confiance que nous pouvions avoir dans la fagne s’effondrait – pour les plus crédules en tout cas -. Et la légende est tenace.
Mais, au moins, elle a le mérite de garder la plupart des promeneurs sur les sentiers balisés et d’en tenir éloignés les moins téméraires ! Continuez donc à raconter ces terribles histoires. La fagne vous en sera reconnaissante !