L’expression « An 2000 » s’utilise seulement au futur, en relation avec un progrès technique non vérifiable (« En l’an 2000, les voitures voleront ») et soi-disant idéal (« En l’an 2000, on ne mangera plus que des pilules »).
Bien peu des prévisions que j’ai entendues ou formulées se sont réalisées dans les délais impartis (le GSM)… et les représentations qui en étaient faites semblent aujourd’hui presque aussi datées que celles de Jules Verne ou de Melies concernant la conquête spatiale.
L’an 2000, c’était loin. Si loin. Tous les rêves et les fantasmes étaient permis. Toutes les inventions.
L’an 2000, c’était notre « 2001, Odyssée de l’espace ». Mais un monde idéalisé. Toujours. Le changement. Le changement technique allait toujours dans le bon sens. La médecine, que nous voyions avancer à grands pas, nous guérissait de tous les maux. Les transports ? Illimités. On en était déjà à habiter la lune et la planète mars. Les communications ? Le téléphone dans la montre bracelet était sûr.
Et les voix discordantes du Club de Rome ne sont venues que plus tard. Et n’ont jamais eu beaucoup d’écho. La pollution. La technique qui rongeait la terre comme un cancer. Tout cela aurait fait tache sur une image bien trop brillante pour être gâchée par de si futiles détails. Oui, c’était vrai, il y avait des problèmes. Mais… en l’an 2000, tout cela aurait trouvé une solution !
Étions-nous frappés de myopie ? Faites donc le test vous-même.
En l’an 2050, la montée des eaux, due au réchauffement climatique, pourrait mettre en danger des zones entières en Flandre et aux Pays-Bas… Ou bien. Les filles qui naissent aujourd’hui vivront le passage du siècle suivant, au-delà de 2100 !
Ces idées ne sont pas vraiment le problème… Le seul problème c’est la date. Qui d’entre nous pourrait donc se projeter 20, 50 et même 100 ans en avant… alors qu’en même temps nous nous demandons ce que nous pourrons bien préparer ce soir pour le souper ?
vendredi 18 avril 2008
jeudi 17 avril 2008
Direction assistée
Avant la direction assistée, le volant se tournait à l’huile de bras… et les manœuvres de parking faisaient des biceps de camionneur.
Direction assistée, freinage assisté, boite automatique, lève glace électrique, ouvre coffre électrique il ne faut plus grand effort physique pour conduire une voiture. Ce n’est que le moteur arrêté que les utilisateurs s’en rendent parfois compte… se disant que quelque chose doit être en panne !
Et quand on apprenait à conduire, c’était la première difficulté : s’habituer à s’accrocher au volant – des deux mains – pour maintenir la voiture dans la bonne direction, lui faire prendre les virages élégamment. Supplice surtout, lors des manœuvres de parking. Lorsqu’il fallait, de manière répétée, braquer, contrebraquer, braquer encore, et contrebraquer à nouveau… Et si le corps était bien face au volant, cela pourrait encore aller… mais non, la plupart des véhicules n’avaient pas de rétroviseur droit… Il fallait donc se tourner pour voir en arrière… Et tirer quand même. Et tourner, et retourner quand même.
Dur, lourd. Mais on s’y faisait. Et au bout de quelques mois, on ne s’en rendait plus compte. On imaginait difficilement que cela pût être autrement.
Direction assistée, freinage assisté, boite automatique, lève glace électrique, ouvre coffre électrique il ne faut plus grand effort physique pour conduire une voiture. Ce n’est que le moteur arrêté que les utilisateurs s’en rendent parfois compte… se disant que quelque chose doit être en panne !
Et quand on apprenait à conduire, c’était la première difficulté : s’habituer à s’accrocher au volant – des deux mains – pour maintenir la voiture dans la bonne direction, lui faire prendre les virages élégamment. Supplice surtout, lors des manœuvres de parking. Lorsqu’il fallait, de manière répétée, braquer, contrebraquer, braquer encore, et contrebraquer à nouveau… Et si le corps était bien face au volant, cela pourrait encore aller… mais non, la plupart des véhicules n’avaient pas de rétroviseur droit… Il fallait donc se tourner pour voir en arrière… Et tirer quand même. Et tourner, et retourner quand même.
Dur, lourd. Mais on s’y faisait. Et au bout de quelques mois, on ne s’en rendait plus compte. On imaginait difficilement que cela pût être autrement.
mardi 15 avril 2008
Cascade de Coo
C’était notre Niagara, nos chutes du Zambèze : la cascade de Coo !
Obligatoire, l’excursion scolaire vers la cascade de Coo. Vague prétexte géographique (comment un méandre de rivière peut être court-circuité par une cascade). Et ennui profond sur une plaine de jeu en voie de sous développement. En plus, ce n’était même pas loin !
Au cours des dernières 40 années, la plaine de jeu a changé parait-il… et le méandre oublié de la rivière a été transformé en barrage. Mais je n’y suis jamais retourné.
Obligatoire, l’excursion scolaire vers la cascade de Coo. Vague prétexte géographique (comment un méandre de rivière peut être court-circuité par une cascade). Et ennui profond sur une plaine de jeu en voie de sous développement. En plus, ce n’était même pas loin !
Au cours des dernières 40 années, la plaine de jeu a changé parait-il… et le méandre oublié de la rivière a été transformé en barrage. Mais je n’y suis jamais retourné.
Libellés :
C
lundi 14 avril 2008
Bouillotte
Quand en hiver, trop longtemps assise à son bureau, ma femme se couche, je sers de bouillotte à ses pieds glacés.
La bouillotte ? Une poche de caoutchouc que l’on remplit d’eau chaude et que l’on glisse dans son lit pour se réchauffer.
Le rituel du coucher en hiver était toujours le même. La bouillotte à la main, nous faisions la file devant ma mère, qui les remplissait d’eau presque bouillante. Emballée ensuite dans un essuie de bain, serrée contre nous dans le froid de l’escalier, nous étions prêts pour la nuit.
Encore faut-il rappeler que les chambres à coucher n’étaient pratiquement jamais chauffées – pas de chauffage central, le plus souvent un seul poêle dans le living ou dans la cuisine, qui faiblissait au cours de la nuit – et encore moins bien isolées qu’à l’heure actuelle – pas question de double ou de triple vitrage -.
Chacun avait donc sa bouillotte. Vide, une sorte de chose flasque, que l’on agitait comme une méduse. Rouge, bleue, verte, … mais jamais de teinte vive. Solide, à toute épreuve. Et avec un bouchon qui défiait – à raison – l’eau de jamais tenter s’en échapper. Combinaison ingénieuse de métal et de caoutchouc.
Les bricoleurs – ou les désordonnés qui, l’hiver venu, ne savaient plus où ils l’avaient rangée le printemps dernier – s’en fabriquaient avec une bouteille de Bols – en terre cuite -.
Mais, de toute façon, comme le fourneau ou le poêle à charbon, le matin, la bouillotte était désespérément froide. Et celle là, que l’on serrait contre son corps au moment de se coucher, pour y trouver tant de réconfort, on la repoussait au plus loin… ou l’on se recroquevillait pour ne plus la toucher.
C’était alors vraiment une méduse que l’on avait au fond du lit !
La bouillotte ? Une poche de caoutchouc que l’on remplit d’eau chaude et que l’on glisse dans son lit pour se réchauffer.
Le rituel du coucher en hiver était toujours le même. La bouillotte à la main, nous faisions la file devant ma mère, qui les remplissait d’eau presque bouillante. Emballée ensuite dans un essuie de bain, serrée contre nous dans le froid de l’escalier, nous étions prêts pour la nuit.
Encore faut-il rappeler que les chambres à coucher n’étaient pratiquement jamais chauffées – pas de chauffage central, le plus souvent un seul poêle dans le living ou dans la cuisine, qui faiblissait au cours de la nuit – et encore moins bien isolées qu’à l’heure actuelle – pas question de double ou de triple vitrage -.
Chacun avait donc sa bouillotte. Vide, une sorte de chose flasque, que l’on agitait comme une méduse. Rouge, bleue, verte, … mais jamais de teinte vive. Solide, à toute épreuve. Et avec un bouchon qui défiait – à raison – l’eau de jamais tenter s’en échapper. Combinaison ingénieuse de métal et de caoutchouc.
Les bricoleurs – ou les désordonnés qui, l’hiver venu, ne savaient plus où ils l’avaient rangée le printemps dernier – s’en fabriquaient avec une bouteille de Bols – en terre cuite -.
Mais, de toute façon, comme le fourneau ou le poêle à charbon, le matin, la bouillotte était désespérément froide. Et celle là, que l’on serrait contre son corps au moment de se coucher, pour y trouver tant de réconfort, on la repoussait au plus loin… ou l’on se recroquevillait pour ne plus la toucher.
C’était alors vraiment une méduse que l’on avait au fond du lit !
Libellés :
B
Warche de toutes les couleurs
La Warche et l’Amblève aussi d’ailleurs avaient des allures de caméléons, au gré des productions des papeteries malmédiennes.
Je parle bien sûr d’une époque où le tout à l’égout était la pratique normale. Où les deux papeteries de Malmedy dictaient au jour le jour la couleur de la rivière à 20 kilomètres en aval… Où les tanneries agressaient le promeneur attiré sur ses rives de relents d’égouts, de cadavres et de potions amères. Vous dégoutant à tout jamais d’y mettre les pieds. Nous que la moindre rivière attirait comme un aimant !
Et puis un jour, il est venu une station d’épuration… qui a réduit l’intensité de la pigmentation…
Ensuite ont fermé les tanneries… et l’odeur s’en est allée…
Alors que les papeteries, à leur tour, étaient frappées par le sort…
Et l’on dit que la rivière est faible ? Elle aura sans aucun doute un jour le dernier mot ! Survivant à la ville elle même.
Je parle bien sûr d’une époque où le tout à l’égout était la pratique normale. Où les deux papeteries de Malmedy dictaient au jour le jour la couleur de la rivière à 20 kilomètres en aval… Où les tanneries agressaient le promeneur attiré sur ses rives de relents d’égouts, de cadavres et de potions amères. Vous dégoutant à tout jamais d’y mettre les pieds. Nous que la moindre rivière attirait comme un aimant !
Et puis un jour, il est venu une station d’épuration… qui a réduit l’intensité de la pigmentation…
Ensuite ont fermé les tanneries… et l’odeur s’en est allée…
Alors que les papeteries, à leur tour, étaient frappées par le sort…
Et l’on dit que la rivière est faible ? Elle aura sans aucun doute un jour le dernier mot ! Survivant à la ville elle même.
samedi 12 avril 2008
Vêtements
Mettez un enfant à nu aujourd’hui, et comparez ses vêtements avec ceux que je portais à son âge. Nous vivons définitivement dans un autre monde.
Ce n’est pas simplement la mode qui a changé. C’est tout.
Du tout au tout. De la tête aux pieds il n’y a plus rien de commun entre le slip, t-shirt, jeans, chaussettes industrielles, sweat-shirt, parka nylon, chaussures de sport et ce que portait son père (caleçon, chemisette, chaussettes tricotées par ma grand-mère, pull tricoté par ma mère, manteau de toile, chaussures de cuir).
Bouleversement total des formes, mais surtout des lieux et des modes de production et de distribution. Réduction de la durabilité. On ne peut plus réparer…
Ce n’est pas simplement la mode qui a changé. C’est tout.
Du tout au tout. De la tête aux pieds il n’y a plus rien de commun entre le slip, t-shirt, jeans, chaussettes industrielles, sweat-shirt, parka nylon, chaussures de sport et ce que portait son père (caleçon, chemisette, chaussettes tricotées par ma grand-mère, pull tricoté par ma mère, manteau de toile, chaussures de cuir).
Bouleversement total des formes, mais surtout des lieux et des modes de production et de distribution. Réduction de la durabilité. On ne peut plus réparer…
Libellés :
V
Ange gardien
Pas particulièrement bigots les voisins. D’ailleurs, il ne me semble pas qu’ils allaient souvent à la messe. Mais question superstition… ils marchaient à fond… Et "Le Petit Jésus t'a puni" par ci... et une médaille de la Vierge par là... et une gourde d'eau de Lourdes en cas de coup dur... Et dans leur salon, au dessus du divan, face à la télévision, il y avait l’image d’un ange gardien, guidant un petit enfant sur le droit chemin.
Ne le saviez vous pas ? Chacun de nous a donc un ange gardien. Beau et blond – mais intraitable avec le mal -. Un air un peu efféminé – mais puissant plus que tous les super-héros -. Irradiant la lumière dans la pire obscurité – et pourtant invisible -.
Heureusement qu’il y avait ces tableaux chez certains de nos copains / copines pour nous révéler la vérité. Savoir que nous pouvions faire toutes le conneries possibles et imaginables… traverser la route en fermant les yeux… rouler en vélo à contresens… nous promener en slach sur le rocher de Falize… sauter dans la grande profondeur alors que nous ne savions pas nager… Et que (voir plus loin pour les conditions de cette offre) rien de fâcheux ne nous arriverait !
Parce qu’évidemment, il y avait quelques conditions, écrites en petits ou en gros caractères selon la personnalité des parents.
Et que si l’accident arrivait quand même… c’est que nous n’aurions pas été sages (qui rimait avec comme une image)… que nous n’aurions pas bien fait nos prières en nous couchant (même si nos parents n’en faisaient jamais)… et que « le Petit Jésus » nous aurait puni !
Résumons : il ne m’arrive rien, c’est l’ange gardien… il m’arrive quelque chose, c’est le Petit Jésus… Vous auriez la photo de qui au dessus de votre divan dans ce cas ? Du méchant Petit Jésus qui punit ? Ou bien de l’ange gardien ? Bien, c’est bien ce qu’ils faisaient, et laissaient donc Jésus à son business à l’église !
Mais franchement, à le voir couché dans la paille de la mangeoire, pour la crèche de Noël, je n'ai jamais pu imaginer ce Petit Jésus avec un gros doigt menaçant, et encore moins au volant de la voiture ou du camion qui allait m'écraser!
Ne le saviez vous pas ? Chacun de nous a donc un ange gardien. Beau et blond – mais intraitable avec le mal -. Un air un peu efféminé – mais puissant plus que tous les super-héros -. Irradiant la lumière dans la pire obscurité – et pourtant invisible -.
Heureusement qu’il y avait ces tableaux chez certains de nos copains / copines pour nous révéler la vérité. Savoir que nous pouvions faire toutes le conneries possibles et imaginables… traverser la route en fermant les yeux… rouler en vélo à contresens… nous promener en slach sur le rocher de Falize… sauter dans la grande profondeur alors que nous ne savions pas nager… Et que (voir plus loin pour les conditions de cette offre) rien de fâcheux ne nous arriverait !
Parce qu’évidemment, il y avait quelques conditions, écrites en petits ou en gros caractères selon la personnalité des parents.
Et que si l’accident arrivait quand même… c’est que nous n’aurions pas été sages (qui rimait avec comme une image)… que nous n’aurions pas bien fait nos prières en nous couchant (même si nos parents n’en faisaient jamais)… et que « le Petit Jésus » nous aurait puni !
Résumons : il ne m’arrive rien, c’est l’ange gardien… il m’arrive quelque chose, c’est le Petit Jésus… Vous auriez la photo de qui au dessus de votre divan dans ce cas ? Du méchant Petit Jésus qui punit ? Ou bien de l’ange gardien ? Bien, c’est bien ce qu’ils faisaient, et laissaient donc Jésus à son business à l’église !
Mais franchement, à le voir couché dans la paille de la mangeoire, pour la crèche de Noël, je n'ai jamais pu imaginer ce Petit Jésus avec un gros doigt menaçant, et encore moins au volant de la voiture ou du camion qui allait m'écraser!
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