vendredi 16 novembre 2007

Apartheid

Trop longtemps, j'ai cru que l'apartheid me survivrait...

Le monde a produit et produira encore certaines aberrations qu'il n'est pas bon d'oublier.
Le développement séparé de nos coloniaux et la ségrégation raciale à l'américaine ont survécu trop longtemps en Afrique du Sud sous le nom de l'apartheid. L'histoire semblait arrêtée dans cette partie de l'Afrique.
En un temps ou la priorité politique était d'abord de lutter contre les rouges, le monde était bien trop complaisant vis à vis de Pretoria.
A la mort du communisme, l'apartheid est soudainement tombé, comme un fruit trop mur. Reste à expliquer comment et pourquoi il aura pu survivre aussi longtemps.

D'autres aberrations sont en face de nous, que nous reconnaissons facilement. Il nous faudra un certain temps encore pour en identifier et nommer d'autres, que nos esprits engourdis prétendent trouver fréquentables... Plus de temps encore pour que quelque chose soit fait pour mettre fin au scandale. Quels prétextes trouverons nous alors pour justifier qu'elles auront subsisté si lontemps? Que retiendra l'histoire de nos aveuglements coupables?

jeudi 15 novembre 2007

Blaireau

Pour trouver un blaireau, il suffisait d'aller dans la salle de bain.

Avant les rasoirs jetables et le savon en spray. Bien avant les rasoirs électriques et leur gel incorporé. Il y avait le rasoir et le blaireau.
Le blaireau, un court et épais pinceau que mon père frottait sur son savon à barbe - un cylindre de savon enrobé de papier argenté -. Ferme et doux à la fois... un magnifique pinceau pour caresser les joues.
Souvent je le prenais pour le frotter sur ma main ou mon visage. Sûrement pas dans la perspective de me raser un jour - je savais le rêche d'un visage mal rasé -... mais pour la douceur animale du contact. Comme si un peu de la vie et de la chaleur de l'animal avaient survécu dans cet objet quotidien.

mercredi 14 novembre 2007

Etourneau

L'étourneau a voulu chasser l'homme des villes.

Le volatile peut sembler bien innocent, mais à une certaine époque, il nous a joué les oiseaux de Hitchcock. Des millions de ces petits monstres ailés convergeait vers nos villes tous les soirs. Obscurcissant le ciel. Fondaient sur les arbres des boulevards. Et s'en allaient le matin après avoir empêché les riverains de dormir.
Pire, ils conchiaient copieusement les précieuses voitures ainsi que des bancs publics où aucun amoureux n'aurait plus envie de se bécoter.
La guerre a pris toutes les formes... et s'ils sont nettement moins présents de nos jours, il y a une époque où les vergers de Hesbaye ont été piégés à la dynamite. N'en restaient que de la purée d'étourneau... et sans doute de la purée de verger... Mais ils revenaient!

mardi 13 novembre 2007

Travail

Ma mère ne travaille pas !

Cette affirmation ne signifiait évidemment pas qu'elle était chomeuse ou qu'elle passait ses journées devant la TV.
Elle élevait seulement six gosses nés entre septembre 57 et septembre 64. Chacun d'entre eux évidemment accompagné d'un certain nombre de copains et copines qui faisaient qu'on était rarement 6 pour le goûter.
Elle cultivait le potager. Tricotait tous les pulls et les bonnets. Elle cousait les vêtements. Les réparait et reprisait les chaussettes. Elle faisait des gauffres, gateaux et beignets. Chaque année elle préparait les confitures et - avant l'apparition du surgélateur - les conserves de fruits et légumes.
Elle veillait encore à ce que les vieux voisins ne manquent de rien. A ses moments libres il lui est arrivé de faire le catéchisme pour les petits qui se préparaient à leur communion - question de ne pas laisser les curés leur bourrer la tête de certaines aneries -. Et comme il le faut bien, elle prenait soin des merles et pigeons tombés du nid que nous lui ramenions.
L'été, avec un sac de sable et quelques plastiques, elles transformait la cour en piscine; l'hiver en patinoire.
Et quand il fallait aller en ville, c'était à pied, en poussant un landau, ou en vélo quand nous étions plus grand.
Mais c'est bien vrai... ma mère ne travaillait pas!

lundi 12 novembre 2007

Flamind

... Flamind ...

Flamind, pas flamand. La langue d'alors était parsemée de scories wallonnes.
L'injure était fréquente, pratiquement équivalente à notre "T'es con !" ou "T'es blonde ou quoi ?" actuels.
Bête comme un Flamand, personne n'en doutait. On en était bien loin des soupçons du Flamand Leterme sur les capacités intellectuelles du Wallon moyen. A l'époque, l'idiot, c'était le Flamand. Tous les Flamands.

Toutes les blagues en témoignaient. Recyclées ensuite sur les Belges par nos amis français. Les voilà qui concernent aujourd'hui les blondes. Dans cette fuite du politiquement correct qui sera la prochaine victime?

dimanche 11 novembre 2007

Macaroni

Les macaronis c'étaient nos étrangers, les seuls qu'on connaissait, les Italiens.

Des gens qui ne mangeaient pas comme nous - macaroni et spaghetti n'étaient pas au menu quotidien -. On mangeait bien, exceptionnellement, des macaroni au jambon et au fromage, avec de la compote, mais la bolognaise n'avait pas encore franchi la frontière. Rare étaient ceux qui avaient jamais goûté à une pizza... et l'ail ou l'huile d'olive semblaient avoir un goût trop fort pour nos palais délicats.
Des gens qui semblaient avoir une autre religion. Le signe de croix des coureurs cycliste italiens prête encore à sourire aujourd'hui. Jeunes ou d'age mur, leurs femmes étaient encore plus religieuses que nos vieillardes.
Des gens qui ne parlaient pas comme nous et semblaient incapables de se débarasser d'un accent qui leur collait aux semelles.
Des gens qui venaient d'un monde perclu de pauvreté. Des réfugiés économiques somme toute... De ceux dont aujourd'hui les garde-côtes repoussent les chaloupes vers le Sud ou recueuillent les cadavres sur les plages touristiques du Sud.

Tous les ingrédients somme toute qui aujourd'hui - s'agissant d'autres peuples - permettent aux imbéciles de conclure à l'impossibilité de l'intégration.

samedi 10 novembre 2007

Pain francais

La boulangère française: "Mais monsieur, tous les pains sont français ici !"

Non, pas baguette, un pain français. Personne ne l'appelait autrement.
Si on en trouvait à Malmedy, je n'en ai aucun souvenir. Il nous arrivait d'en manger quand on était en excursion en Allemagne avec mes parents. Comme une sorte de friandise, ou comme un rituel. Visiter Montjoie impliquait aussi de grignoter, en se promenant dans la ville, un peu de cette nourriture étrange.
Et si nous allions en France, il y en avait toujours bien un pour demander à la boulangère un pain français.