mercredi 24 octobre 2007

J'ai bon

J'ai bon, ce n'est pas le: J'ai bon ? un peu studieux, stupide et angoissé de "Est ce que j'ai la bonne réponse ?"...

A la forme interrogative: T'as bon hein ?
Avec les syllabes qui se prolongent, c'est l'expression suprême du contentement. Je me sens bien. Rassasié, bien au chaud avec des gens que j'aime et qui m'aiment... Quand on a bon, on n'est pas très loin d'une sorte d'orgasme.
Encore une de ces expressions de quelques lettres qui disent plus que trois phrases entières. De ces trésors de la langue belge qu'il serait dommage de laisser se diluer dans la lingua franca du frangliche.
Alors, quand vous "avez bon", dites le tous avec moi... et avec votre meilleur accent de là où vous êtes: j'ai bon ! Ou quand vous avez eu un bon moment... n'hésitez surtout pas à avouer : j'ai eu bon !

mardi 23 octobre 2007

Interlude

Du temps de la télévision en direct, je regretterai toujours les interludes.

Les programmes ayant régulièrement quelques minutes de retard, la speakerine - une autre espèce disparue - nous annonçait, avec un sourire à désarmer un skin-head, qu'il nous faudrait encore un peu patienter.
Et, sur fond de musique classique, on avait droit à des minutes de ruisseau glougloutant, de feuilles d'arbre agitées par la brise, ou à la version originale non sous-titrée de l'aquarium du restaurant chinois qui fascine encore nos enfants... Et les poissons n'étaient rouges que dans nos esprits, puisque la TV (pas télé), elle, était en noir et blanc.
L'interlude ne pouvait être interrompue que par une chose: la speakerine nous annonçant qu'il nous faudrait ... encore un peu patienter...
On savait prendre son temps à l'époque.

lundi 22 octobre 2007

Hiver

Il n'y a plus d'hiver ! (sur le ton de "Il n'y a plus de saisons, madame !")

L'hiver, vous l'admettrez, c'est la neige. Sans neige, pas d'hiver. Il n'y a donc plus d'hiver. CQFD.
Croyez-vous que je radotte ? J'avais des doutes moi même, jusqu'au 3 février 2007. La lecture du Soir m'a enfin rassuré sur mon état mental avec les statistiques de la région de Saint-Hubert. Dans les années 60, l'enneigement était de 61 jours. Il tombe à 36 jours dans les années 90. On est passé de 48 à 88 d'une moyenne de 30cm de neige à une moyenne de 17cm entre 89 et 2006. Pour nous, les petits Malmédiens, c'était garanti, répartis entre Noël, carnaval et Pâques, nous avions droit à 3 semaines de congés enneigés. Si pas à Malmédy, au moins sur le plateau des Hautes Fagnes, tout proche... et si pas pour le ski alpin ou le traineau, au moins - dans les dernières annéees de cette époque bénie - pour le ski de fond.
Une bonne raison de plus pour renforcer les accords de Kyoto: rendre leur 3 semaines de sports d'hiver aux enfants de nos Ardennes est une tâche indispensable à laquelle toute l'humanité doit s'atteler!

dimanche 21 octobre 2007

Gomme

La gomme à encre était bleue et et dure; celle à crayon blanche ou rouge et douce.

Quand on faisait une faute, il n'y avait que trois options, selon la sévérité du maître ou les exigences du travail. Au pire, tout recommencer, sous peine de se voir retirer des points pour le soin. Au mieux, d'un trait de latte ou de règle, proprement barrer le mot ou la phrase, et l'écrire à nouveau. Position intermédiaire et la plus fréquente, gommer et écrire à nouveau. L'aventure commençait là. Facile à dire ou à écrire, bien moins à faire. L'encre des stylos s'efface bien plus facilement que celle des bics, c'est vrai. La gomme à encre enlevait donc l'encre avec la couche superficielle du papier. Par contre, pour écrire à nouveau, il ne fallait pas rater son coup. La couche gommée partie, le papier agissait dès lors comme un buvard. Que la plume reste un instant de trop, le papier absorbait et faisait un énorme pâté... Les plus soigneux lissaient au préalable la zone effacée du plat de l'ongle... Mais le risque était toujours là... Et, de toute façon, une belle correction, c'était propre, mais cela se voyait. Et l'on pouvait mesurer les hésitations de l'auteur au nombre de stations de ce chemin de croix. Sont venus ensuite, je ne sais dans quel ordre, les feutres et les liquides correcteurs (la pâte à con, dirait mon jeune frère).
Comme la vidéo, l'écriture avait enfin sa fonction rebobinner! Et l'adage était devenu obsolèle: "Les paroles s'envolent, les écrits restent!"

samedi 20 octobre 2007

Friture

Je vais à la friture... pas à la friterie...

Prenez n'importe quel belgicisme. Prononcez le avec un accent bien gras. Et chacun de comprendre que le belgicisme, ce n'est pas cultivé, ce n'est pas bien... Cela vous range juste au dessus de l'animal (bien que l'animal, c'est avéré, ne commette jamais de belgicisme)...
Mais que se serait-il passé si, par un fabuleux hasard touristico-gastronomique, nos amis les français s'étaient épris de la frite belge... Et, avec un accent pointu avaient parlé de ces charmantes fritures qui nous fournissent une nourriture si typique et populaire...
La friture avait d'ailleurs une autre utilité: géographique. Pas besoin de carte. Frituur, en Flandre. Friture/Frituur à Bruxelles. Friture en Wallonie. Belge fritten ou patatten, vous êtes aux Pays-Bas. French frites chez ces idiots d'américains. Friterie, vous étiez en France. Le changement de vocabulaire a dès lors bien quelques relents d'annexion.
Car l'inquisition est passée par là, et toutes les fritures ont en quelques années changé leur enseigne. Les ayatollahs de la langue française n'ont pas supporté que les belges nomment autrement que les français ces endroits où les frites étaient tellement meilleures (eh oui, il faut les frire deux fois!) que chez eux.
D'ailleurs, au train où on va, on ne dira bientôt plus que Quick ou Mac Donalds! Et là, pas question de tartare ou de fricadelle... Pas même de mitraillette, cette aberration de la culture franco-belge...

vendredi 19 octobre 2007

Encre

Ma classe de première année primaire sentait l'encre et la craie.

De l'encre, je me rappelle d'abord l'odeur. Celle que j'associe à la classe de première primaire. Celle de l'encre Schaeffer, dans des cartouches parfaitement cylindriques.
Souvenir aussi de l'encrier, vide, qui garnissait chacun de nos pupitres. L'usage des stylos à réservoir venait juste d'être autorisé il me semble. L'école était passée d'un coup de la plume à la cartouche.
Plus tard, au cours de dessin, odeur encore de l'encre de Chine. Qui s'attache aux doigts. Se rappelle des heures durant.
Et les couleurs? Bleue pour écrire. Noire, elle aurait été une hérésie ou prétentieuse. Outremer pour les garçons, les filles penchant parfois pour d'autres teintes. Menant parfois l'excentricité jusqu'au turquoise.
Noire pour l'encre de Chine, évidemment. Ma mémoire mêle l'odeur de mes doigts avec celle rencontrée bien plus tard et sous d'autres cieux des planches de l'école coranique... Le bois, l'encre de Chine. L'encre de Chine et le bois...
Rouge et terrible, celle de l'instituteur... pas en cartouche évidemment...
Et quand il remplissait son stylo, à pompe, c'était comme s'il le faisait avec du sang... du mercurochrome (de celui qui pique bien fort) ou quelqu'autre médicament bien désagréable...

jeudi 18 octobre 2007

Drache

Il drache... la drache nationale...

Il drache, dit-on. La drache nationale, dit-on aussi lorsque, traditionnellement, le défilé du 21 juillet est arrosé. Qu'est-ce qu'il a donc pris au Larousse d'écrire: "régional". Quoi de plus national en effet que la drache.
Quand il n'y aura plus rien de national en Belgique, qu'elle aura disparu, il nous resterait au moins cela.
La drache, c'est la pluie avec un nom qui mériterait d'être celui d'une divinité celtique (c'est dailleurs celui du dragon en allemand). Et encore, la drache, ce n'est pas la pluie, ni l'averse, ni le crachin. Pas l'orage, ni l'ondée. Non, la drache c'est... la drache! C'est mouillé, jusqu'aux os. Ou bien ça dure à n'en pas finir. Et ça vient toujours au plus mauvais moment.
Il est à se demander d'ailleurs comment les autres peuples (les parisiens, bretons, lorrains et autres sudistes) peuvent se passer dans leur français d'un mot aussi indispensable. Tellement irremplaçable que non seulement les nordistes mais aussi nos cousins les congolais ont choisi de le partager avec nous.
Non, la drache, ce n'est pas un phénomène météorologique... C'est bien plus que ça! A se demander si ça ne serait pas un peu politique!